La pandémie de COVID-19 a profondément changé le milieu des affaires. De nouvelles occasions ont certes été créées, de même que de nouveaux risques de fraude. Changement dans les façons de travailler, accélération de l’automatisation et pressions économiques imminentes : tous ces facteurs ont contribué à la création de nouvelles menaces auxquelles bon nombre d’organisations sont mal préparées, voire pas du tout.
Mars est le Mois de la prévention de la fraude. Voilà l’occasion de se renseigner sur les nouveaux risques qui pourraient toucher votre entreprise et les mesures que vous pouvez prendre pour réduire ces risques et limiter les répercussions sur les finances et la réputation de votre organisation.
Effet des pressions économiques sur les risques
Le milieu des affaires est en constante évolution et les risques de fraude le sont également. Les programmes de relance, les taux d’intérêt, l’automatisation et d’autres facteurs ont tous contribué à cultiver un terrain favorable à la fraude au cours des trois dernières années. Bon nombre d’organisations bénéficiant de revenus stables ne remarquent pas les insuffisances ou les incohérences financières. Les fraudeurs profitent également d’un relâchement de la surveillance directe pour couvrir leurs traces.
Ce n’est que lorsque les pressions financières se font sentir et que les organisations tentent de se serrer la ceinture qu’elles constatent l’ampleur des écarts et des dégâts, mais le fraudeur est déjà loin.
Pour les dirigeants qui soupçonnent la présence d’une fraude au sein de leur organisation, l’examen des activités qui sont source de pressions financières et de celles qui ne sont pas directement surveillées par la direction est un bon point de départ.
Accentuation des pressions économiques
La fraude survient souvent lorsque trois facteurs sont réunis : la pression financière, la rationalisation et l’occasion.
Un grand nombre de personnes ressentent les effets de l’inflation et de la hausse des taux d’intérêt, sans compter leurs inquiétudes devant le spectre d’un ralentissement économique. Ces cas de pression financière motivent certains fraudeurs, qui justifient leurs actes en prétextant l’incertitude économique.
Dépendance à la technologie et absence de supervision des activités à distance
La dépendance accrue à la technologie et le manque de supervision à distance durant et après la pandémie ont davantage exposé les sociétés à la fraude en raison des occasions uniques qui se présentent aux fraudeurs potentiels et des faiblesses dissimulées dans les nouveaux processus et les nouvelles technologies.
Voici quelques types de fraudes qui ont augmenté dans ce genre de contexte : la fraude de propriété intellectuelle, la fraude sur la paie, la corruption et la fraude des vendeurs.
En outre, plusieurs organisations se fient maintenant à des logiciels pour automatiser le travail. L’aspect numérique de ce processus peut réduire la surveillance de la part de la direction et remplacer l’esprit critique, créant ainsi des occasions de fraude.
Quelles sont les conséquences de la fraude?
Le rapport Occupational Fraud 2022 : A Report to the Nations de l’Association of Certified Fraud Examiners (ACFE) révèle qu’en 2021, la perte médiane découlant de la fraude s’élève à plus de 100 000 $. En plus des pertes financières, la fraude nuit également à la réputation de l’organisation et risque de provoquer des conflits avec les bailleurs de fonds, les prêteurs, les fournisseurs, les clients et les parties prenantes.
Elle peut également avoir des effets dévastateurs sur le moral des employés. Lorsqu’une organisation laisse partir discrètement les fraudeurs afin d’éviter l’embarras, les autres employés, voyant que les malfaiteurs s’en sont tirés à bon compte, sont parfois déçus par le manque d’immutabilité dans l’organisation et commencent à se demander si cette pratique est fréquente au sein de la direction.
Adopter une approche délibérée pour la prévention et la détection de la fraude
Aucune organisation ne peut se prémunir complètement contre les fraudes. Toutefois, comme celles-ci coûtent cher, mieux vaut prévenir que guérir.
Les mesures proposées dans cet article peuvent vous aider à protéger votre entreprise des dangers qui accompagnent l’accentuation des difficultés financières en dissuadant la fraude et en augmentant les probabilités de détecter des stratagèmes frauduleux.
Mettre en place un programme antifraude efficace
Un programme antifraude fournit des outils de gestion du risque de fraude qui cadrent avec les exigences et les besoins de votre entreprise.
Les mesures déployées dans le cadre d’un tel programme se concentreront sur les éléments suivants.
- Prévention – mesures visant à prévenir tout cas de fraude ou d’inconduite (p. ex., évaluation des risques de fraude et d’inconduite, formations pour la prévention des fraudes, limites au pouvoir décisionnel délégué).
- Détection – mesures visant à débusquer les cas de fraude et d’inconduite (p. ex., procédures d’audit et de surveillance, ligne téléphonique et autres mécanismes pour la dénonciation des cas de fraude et d’inconduite, analyse proactive des données de juricomptabilité).
- Intervention – mesures visant à apporter des correctifs et à réparer tout dommage résultant de la fraude ou de l’inconduite (p. ex., protocoles d’intervention en cas d’incident grave, rapports sur la gouvernance, protocoles pour communication d’informations).
Si vous n’avez pas de programme antifraude, envisagez de faire appel à un expert en prévention qui peut vous renseigner sur les risques auxquels votre entreprise et votre secteur sont exposés et vous recommander des politiques, des pratiques et des mesures de contrôle visant à les atténuer. Chaque organisation a ses particularités. Il est donc important de concevoir un programme qui tient compte des besoins et des risques de la vôtre.
Encourager les lanceurs d’alerte à s’exprimer
Dans la grande majorité des cas, les fraudes sont découvertes à la suite d’une dénonciation. Toujours selon l’Association of Certified Fraud Examiners, les dénonciations sont à l’origine de 42 % des fraudes détectées en 2021. Dans plus de la moitié des cas, les lanceurs d’alerte étaient des employés de la société où la fraude était perpétrée.
Pour détecter les fraudes et réduire le risque d’actes frauduleux au minimum, il faut un mécanisme qui incite d’éventuels dénonciateurs à s’exprimer. Envisagez de proposer un service indépendant et sécuritaire permettant à ces derniers de se confier anonymement.
Intensifier les suivis de la part des gestionnaires
Bon nombre d’organisations font une utilisation accrue de logiciels pour optimiser les flux de travail de leur personnel, où qu’il soit situé. Cette automatisation et la réduction directe par les équipes de gestion font le jeu d’éventuels fraudeurs.
Évitez de substituer des systèmes automatisés au bon jugement de votre personnel et des professionnels auxquels vous faites appel et à la surveillance exercée par vos gestionnaires, car dans bien des cas, les fraudes sont découvertes par hasard par un responsable de la tenue de livres, un nouveau gestionnaire ou un auditeur. Autrement dit, comme ce sont des personnes qui commettent des fraudes, vous atténuerez votre risque d’en être la victime en intensifiant la surveillance assurée par vos gestionnaires.
Faites le nécessaire pour vous protéger
N’importe quelle entreprise peut être victime de fraude. Il est donc essentiel d’être au fait des risques émergents et des risques qui gagnent en importance. L’évolution de la conjoncture commerciale et le spectre de difficultés financières causées par un ralentissement économique entraînent une transformation perpétuelle des risques de fraude.
Menez une évaluation pour relever les risques auxquels votre entreprise est exposée et trouver des solutions, intensifiez les suivis de la direction et mettez en place un mécanisme qui encouragera les lanceurs d’alerte à s’exprimer. Ces mesures aideront à protéger votre organisation et vos effectifs contre des risques de fraude qui grandissent et évoluent sans cesse.