La hausse du prix des terres agricoles pose un dilemme complexe : celui d’investir dans la propriété foncière ou de louer une terre pour la cultiver. Votre choix aura une incidence sur votre stratégie, votre rentabilité et votre croissance à long terme. Et il n’y a pas de réponse simple. Il est essentiel de bien soupeser les avantages et les inconvénients des deux options afin de prendre la meilleure décision pour votre entreprise.
Le coût de la propriété foncière
La propriété foncière est depuis longtemps considérée comme un critère de succès en agriculture. Elle vous procure un contrôle, de la stabilité et la sécurité de savoir que votre terre ne changera pas de mains. Cependant, dans un contexte de flambée des prix, il est de plus en plus difficile d’acquérir une terre.
La propriété foncière monopolise une part importante du capital d’une exploitation agricole, ce qui ne manque pas de peser dans la balance lorsque vient le temps de choisir entre louer ou acheter une terre.
L’achat d’une terre agricole exige un capital important. Le plus souvent, les agriculteurs doivent contracter un prêt considérable, ce qui peut mettre de la pression sur leur flux de trésorerie et restreindre leurs autres investissements, notamment pour le matériel, les intrants et la main-d’œuvre. La décision d’acheter une terre peut poser un autre dilemme : rembourser le prêt ou réinvestir dans votre entreprise pour en améliorer la productivité et la rentabilité. Cette recherche d’équilibre peut nuire à la capacité de l’entreprise à croître et prospérer.
Accessibilité ou propriété?
Dans le contexte actuel en agriculture, l’accès à une terre peut s’avérer plus précieux que d’en avoir la propriété. La location d’une terre offre de la souplesse aux agriculteurs. Elle leur permet de diriger leurs ressources financières vers des investissements susceptibles d’augmenter directement leur rentabilité, par exemple améliorer la qualité des sols, acheter de la machinerie ou diversifier leurs cultures.
Des baux à long terme peuvent offrir la stabilité et la sécurité recherchée par les producteurs agricoles. Un bail de plusieurs années procure un certain contrôle sur la terre et donne la confiance pour investir dans des pratiques agricoles durables, un peu comme le ferait la propriété. Par exemple, un bail de 30 ans donne aux agriculteurs toute la latitude pour planifier sans le souci de rembourser un prêt hypothécaire.
La propriété foncière et l’exploitation agricole : deux entreprises distinctes
L’augmentation de la valeur des terres crée une fausse impression de rentabilité : en théorie, les bénéfices non répartis découlent uniquement des profits tirés de l’exploitation agricole.
L’une des idées préconçues les plus courantes en agriculture est que la propriété foncière et l’exploitation agricole ne font qu’un. Il s’agit cependant de deux entreprises très distinctes. Même si la valeur de la propriété foncière peut augmenter au fil du temps, elle ne reflète pas nécessairement le succès de l’exploitation agricole. La rentabilité réelle d’une exploitation agricole découle de ses activités courantes et non de l’appréciation des terres, ce qui peut créer une fausse impression de sécurité.
La richesse générée par la hausse de la valeur des terres peut susciter un excès de confiance et vous dérouter de l’objectif d’optimiser vos résultats d’exploitation. Les producteurs devraient séparer ces deux aspects de leurs activités afin de mieux décortiquer leur rentabilité et de ne pas confondre la croissance de la valeur foncière et le succès de leur exploitation agricole.
Emprunts et investissements : des décisions stratégiques
La gestion des dettes est un facteur clé dans la décision d’acheter ou de louer une terre agricole. Vous devez évaluer votre niveau de tolérance aux dettes et établir une stratégie à long terme pour la gestion de vos finances. Si la propriété foncière devient votre priorité, vous devez être prêt à assumer les coûts initiaux élevés et leurs répercussions sur votre flux de trésorerie. À l’opposé, la location peut libérer des ressources financières pour réaliser des investissements contribuant directement au succès de votre exploitation agricole.
Il est important également de considérer les effets à long terme de l’endettement. Un ratio d’endettement élevé peut être contraignant, particulièrement en cas de contraction des marchés ou d’imprévus majeurs. Un plan solide comprend l’examen à intervalles réguliers de la santé financière de votre exploitation agricole afin d’ajuster votre stratégie à la conjoncture économique. En étant proactif, vous veillerez à toujours investir (dans des terres, du matériel ou de la technologie) en fonction des objectifs de votre entreprise.
Si votre exploitation agricole est récente ou de petite taille, la location d’une terre est sans doute une meilleure option. Cette approche vous permet de consacrer vos ressources limitées à des investissements susceptibles de produire des résultats immédiats. Vous pouvez ainsi accroître votre rentabilité à court terme et consolider vos assises pour votre croissance future.
La location : la nouvelle tendance de demain?
Compte tenu de la hausse du coût des terres et des changements au niveau des transferts intergénérationnels du patrimoine, la location est de plus en plus courante. Il n’est peut-être pas réaliste d’acquérir toutes les terres dont vous avez besoin pour vos cultures. Ce changement démontre l’importance d’établir des relations solides avec les propriétaires et de négocier des modalités favorables pour des baux à long terme. Le succès dans le monde de l’agriculture dépend non seulement de la propriété foncière, mais également de la capacité à gérer efficacement des terres louées dans le cadre d’une stratégie opérationnelle plus large.
Points à retenir pour les producteurs
La décision d’acheter ou de louer dépend de nombreux facteurs, dont la capacité financière, la tolérance à l’endettement, la vision à long terme et les possibilités de croissance. Quel que soit votre choix, votre objectif premier devrait toujours être d’optimiser la rentabilité de vos activités.
D’un côté, la culture de terres louées offre une certaine souplesse aux agriculteurs pour octroyer leurs ressources où ils en ont le plus besoin et éviter le fardeau d’importants paiements pour rembourser leurs dettes. D’un autre côté, la propriété foncière procure un certain contrôle et une viabilité, mais exige une planification financière rigoureuse et une distinction claire entre la valeur foncière et la rentabilité des activités agricoles. Pour les producteurs, la clé du succès réside dans la séparation de ces deux aspects et la prise de décisions en fonction de leurs objectifs à long terme.