L’inflation, les taux d’intérêt et le contexte politique créent un climat d’incertitude pour les chefs d’entreprises canadiennes. Dans le plus récent webinaire de sa série destinée aux propriétaires d’entreprise, MNP a réuni trois professionnels réputés pour discuter des perspectives économiques du Canada et de ses incidences pour les PME au pays. Sean Simpson d’Ipsos accueillait Jean-François Perrault, économiste en chef de la Banque Scotia, et Glenn Fraser, vice-président principal et leader national, Entreprises à capital fermé, chez MNP. Voici les grandes conclusions à tirer de leurs échanges.
Une inflation qui semble maîtrisée, pour l’instant
Jean-François a abordé la question de la conjoncture économique, soulignant que l’incertitude demeure élevée malgré la baisse des taux d’intérêt. À son avis, « les réductions de taux au Canada et ailleurs dans le monde visent à stimuler la croissance. En principe, nous entamons un cycle d’expansion économique. »
Bien que les économistes de la Banque Scotia prédisent que les taux d’intérêt se stabiliseront aux alentours de 3 %, il souligne que les politiques avancées par le futur président des États-Unis créent de l’incertitude.
Une politique fiscale dont la fluidité inquiète
Qu’est-ce qui préoccupe les propriétaires d’entreprises à l’heure actuelle? Les clients de Glenn lui parlent du flou des politiques fiscales canadiennes.
Il affirme que « notre fiscalité est très fluide et change constamment. Elle est aussi devenue plus complexe ces dernières années. Nos clients peinent à établir des plans pour leur entreprise et à mettre en œuvre leur stratégie. »
Glenn conseille aux propriétaires d’entreprise de se tenir au fait des politiques fiscales et de travailler étroitement avec leurs conseillers afin de s’adapter à tout changement et d’optimiser leur stratégie fiscale.
Les récentes modifications à la TPS/TVH sont un exemple des décisions inattendues qui peuvent avoir une incidence importante.
En savoir plus : L’incertitude dans le système fiscal canadien a un prix
Refiler les coûts de l’inflation aux consommateurs
Une des stratégies employées par les entreprises qui tentent de gérer les hausses de coûts occasionnées par une forte inflation est de les faire absorber par le consommateur, si possible.
Glenn observe que « par le passé, les clients s’opposaient aux augmentations de prix lors des périodes de faible inflation. Or, les entreprises remarquent que cette résistance est beaucoup moins forte en ce moment et qu’il semble y avoir une résignation à subir les effets de l’inflation. »
Cette stratégie peut s’avérer efficace si une entreprise sait sonder le pouls de sa clientèle et maîtrise sa structure de coûts.
Jean-François souligne pour sa part que l’augmentation des salaires explique en partie les hausses de coûts et qu’elle demeure supérieure au taux d’inflation cible de la Banque du Canada.
Il observe que « la croissance des salaires au pays se situe encore entre 4 % et 5 %. Comme ce rythme ne peut durer éternellement, nous prévoyons qu’il ralentira, ce qui pourrait être bénéfique pour les entreprises dans une certaine mesure. »
Glenn et Jean-François recommandent la prudence aux entreprises qui souhaitent refiler leurs hausses de coûts aux consommateurs, car on pourrait s’approcher d’un point où elles ne seront plus tolérées. C’est pourquoi une gestion efficace des coûts et une fixation stratégique des prix seront essentielles au maintien de la rentabilité.
Les priorités du Canada pour les 12 prochains mois
L’économie canadienne est confrontée à plusieurs difficultés, mais Jean-François est d’avis que « la productivité est le principal enjeu au Canada. »
Il avance même qu’il s’agit là de la grande question sur laquelle les pouvoirs publics doivent se pencher. « Si on la règle, on peut régler du coup les problèmes du logement, du coût de la vie et de la compétitivité. »
Il reconnaît qu’il n’y a pas de solution facile et affirme de surcroît que le manque d’investissement des entreprises y est pour quelque chose dans la situation actuelle. Glenn souligne pour sa part que les sommes consacrées à la technologie et à l’intelligence artificielle (IA) sont particulièrement anémiques.
Il affirme que « les entreprises qui accordent une place aux technologies et à l’IA et les intègrent à leur modèle d’affaires disposeront d’un avantage concurrentiel significatif. »
Les effets de l’élection américaine
L’élection de Donald Trump provoque une importante incertitude économique tant aux États-Unis qu’au Canada.
Jean-François y est allé d’un avertissement au sujet des effets possibles au Canada des politiques tarifaires et des réductions de l’impôt des sociétés aux États-Unis.
Il explique que « Trump a été très clair : il envisage de tarifier tout ce qui rentre aux États-Unis. »
Une telle politique va vraisemblablement alimenter l’inflation aux États-Unis et créer de nouveaux problèmes pour une économie qui s’est sortie de la période post-COVID à bon compte.
L’autre question brûlante concerne les intentions de Trump en matière d’impôt des sociétés.
Selon Jean-François, « une baisse appréciable des taux pourrait s’avérer problématique, car l’impôt exigé des entreprises au Canada a toujours été inférieur, ou égal, à ce que demandent les États-Unis. »
Un nombre accru de clients explorent avec Glenn la possibilité de s’établir aux États-Unis pour atténuer les risques qui planent et pour se préparer à saisir des occasions sur le marché américain. Or, cette décision est tout sauf anodine. C’est pourquoi les dirigeants d’entreprise doivent analyser toutes ses conséquences possibles avant de passer à l’action.
Regard sur l’avenir : favoriser l’entrepreneuriat au Canada
L’économie canadienne est en proie à d’importantes incertitudes, mais une chose est certaine : nous devons en faire davantage pour favoriser l’entrepreneuriat.
Des données de Statistique Canada montrent que le nombre de petites entreprises qui cessent leurs activités est supérieur au nombre de petites entreprises qui démarrent.
Glenn précise que ce phénomène s’explique par la combinaison des taux d’intérêt élevés, d’une politique fiscale fluide et de l’incertitude économique qui plane.
Il est d’avis que « nous devons stimuler l’entrepreneuriat, faire davantage sa promotion et encourager les jeunes canadiens à devenir des entrepreneurs. » Un soutien accru des gouvernements et un allégement des lourdeurs bureaucratiques sont essentiels si l’on souhaite encourager de nouvelles idées commerciales et favoriser l’innovation et la croissance économique.
Préparer votre entreprise pour ce que l’avenir nous réserve
L’incertitude a été le thème récurrent de la discussion. Comme personne n’est un devin, c’est en vous tenant informé, en innovant et en gérant vos coûts et vos risques de façon stratégique que vous pouvez vous positionner avantageusement dans le contexte actuel. MNP est à votre disposition pour vous prodiguer des conseils et vous proposer des solutions sur mesure qui aideront votre entreprise à prospérer.
Pour en savoir plus, communiquez avec un conseiller d’affaires de votre région.