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Trois éléments à prendre en compte pour protéger votre entreprise contre la fraude financière

Trois éléments à prendre en compte pour protéger votre entreprise contre la fraude financière

Résumé
5 minutes de lecture

Que faites-vous pour protéger votre organisation contre la fraude et la corruption? Des études proposent trois bons points de départ pour faire votre analyse.

Un récent sondage mené par MNP auprès de dirigeants d’entreprises québécoises montre que seulement 3 % des répondants perçoivent le risque de fraude financière comme étant très élevé pour leur société et que presque la moitié d’entre eux sont d’avis qu’il est faible ou très faible. Ce résultat est d’autant plus inquiétant que la proportion des personnes interrogées estimant que ce risque a diminué ou est demeuré inchangé pendant la pandémie de COVID-19 s’élève à 16 % et à 57 % respectivement.

Ces données ne sont pas seulement préoccupantes pour les entreprises québécoises : elles peuvent être indicatives d’une prévention négligente de la fraude et de la corruption partout au Canada. À tout le moins, cette enquête montre que les organisations canadiennes doivent réévaluer les risques de fraude qui les guettent et les mesures qu’elles doivent mettre en place pour s’en prémunir.

La fraude financière est une menace constante pour les sociétés canadiennes. Bien qu’elles puissent mettre en place des mesures pour dissuader et débusquer les fraudeurs, le risque de fraude ne peut jamais être complètement éliminé. Les organisations doivent comprendre qu’elles sont vulnérables et qu’elles doivent concevoir des systèmes de prévention, de détection et d’intervention pour atténuer les conséquences des actes de fraude et de corruption.

La pandémie multiplie les occasions de fraude et incite plus de fraudeurs potentiels à agir

Deux ans après le début de la pandémie, il est préoccupant de constater que bon nombre d’organisations ont ignoré les avertissements d’une augmentation des risques de fraude. Nous connaissons des changements incessants depuis mars 2020. Or, une telle instabilité engendre toujours des risques.

La pandémie a entraîné d’importantes mises à pied et mises en congé, la transformation de modèles d’affaires, la dispersion des employés dans des régions différentes, l’adoption généralisée du télétravail et de très nombreux départs à la retraite. Ces bouleversements ont augmenté les possibilités de fraude et donné de nouvelles raisons aux personnes souhaitant commettre des méfaits au travail. La hausse de l’inflation, la concurrence féroce pour les talents, les problèmes d’approvisionnement de même que les embauches, la mise en place du travail hybride et les départs à la retraite dans bon nombre d’organisations se sont récemment ajoutés à la liste des motivations pouvant animer un fraudeur.

Même les organisations qui procèdent à une évaluation annuelle ou semestrielle du risque – un nombre étonnamment faible selon l’enquête – pourraient peiner à suivre le rythme des changements. Un examen ponctuel des risques s’impose donc dès qu’un changement significatif pourrait invalider les conclusions de l’évaluation précédente, par exemple le départ d’un responsable des programmes antifraude ou des contrôles financiers. Ces protocoles ne remplacent aucunement une analyse approfondie des risques. Par contre, ils peuvent permettre de colmater des failles avant qu’elles soient exploitées.

L’ignorance est inacceptable

Autre conclusion étonnante du sondage, plus de 20 % des entreprises interrogées sont incapables d’affirmer si – oui ou non – elles ont été victimes d’une fraude financière. Soit elles ignorent si une fraude a été commise (9 %), soit elles soupçonnent une fraude sans pouvoir la confirmer (12 %).

On peut difficilement affirmer que ces chiffres sont représentatifs de l’ensemble des organisations canadiennes, mais ils sont suffisamment élevés pour soulever des inquiétudes. La prévention de la fraude et de la corruption doit être au cœur de la gouvernance d’une organisation. Affirmer ne pas savoir si une fraude a été commise n’est pas un signe d’humilité. C’est plutôt un indice montrant que les efforts déployés pour enquêter sur les activités suspectes ou frauduleuses sont insuffisants ou qu’il y a des doutes concernant l’efficacité des systèmes antifraude existants pour la détection, la dissuasion et l’intervention.

En raison de leur responsabilité envers les investisseurs, les employés et les autres parties prenantes, les conseils d’administration et les équipes de direction doivent être attentifs aux signes avant-coureurs d’une fraude et intervenir s’ils se manifestent. Les membres du conseil d’administration et tout le personnel d’une entreprise doivent disposer de la formation, des ressources et du soutien nécessaires pour repérer ces signes, sonner l’alarme et intervenir rapidement. Sinon, on ouvre la porte à des comportements frauduleux.

Les autres seront votre meilleur atout, si vous leur donnez les moyens d’agir

Les organisations doivent prendre conscience du fait qu’il n’existe pas de solution miracle pour détecter la corruption et la fraude financière. Toutes les mesures de prévention et de détection ont des lacunes. C’est pourquoi les experts recommandent la mise en place d’un système antifraude à niveaux complémentaires qui procure un degré de sécurité raisonnable sans être indûment lourd.

Les gens, en raison de leur nombre et de leur efficacité, sont un rouage essentiel de ce système. Or, selon notre expérience, cette ressource est étonnamment sous-utilisée.

Le Report to the Nations 2020 de l’Association of Certified Fraud Examiners (ACFE) révèle que les dénonciations ont permis de détecter plus de fraudes que l’ensemble des audits internes et externes, des examens par la direction, des rapprochements de comptes, des examens de documents et des contrôles de prévention. En fait, plus de 40 % des fraudes découvertes en 2019 l’ont été à la suite d’une dénonciation.

Or, seulement 20 % des entreprises québécoises ont un mécanisme formel permettant à leurs employés, leurs clients ou leurs fournisseurs de lancer une alerte. Seulement le tiers des sociétés de la province donne une formation en prévention de la fraude à son personnel et moins de la moitié de cet enseignement s’adressait aux employés ne faisant pas partie de la direction. Ces chiffres sont d’autant plus étonnants que l’ACFE affirme qu’une formation antifraude augmente de presque 20 % la probabilité d’une délation par un employé.

On peut donc affirmer sans exagération que vos collaborateurs sont une arme très efficace, voire la plus efficace, pour la prévention et la détection des fraudes. Toutefois, cette efficacité dépend de la robustesse des systèmes et des structures mis en place. Les dirigeants doivent promouvoir la tolérance zéro pour les comportements frauduleux au sein de leur entreprise. Ils doivent créer un climat de confiance où les lanceurs d’alerte n’hésiteront pas à s’exprimer et veiller à ce que tous connaissent les signes avant-coureurs d’une fraude et savent comment intervenir s’ils se manifestent.

Après tout, les fraudes sont perpétrées par des individus auxquels on fait confiance. Les études montrent qu’elles sont révélées au grand jour par des personnes qui ne veulent pas être complices d’un comportement répréhensible. Or, pour prévenir les fraudes, il faut leur donner les moyens d’agir plutôt que se fier passivement sur leur honnêteté.

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Corey Bloom , FCPA, FCA, CA•IFA, CFE, CFF
Associée et chef d’équipe pour la région de l’Est du Canada, Service d’enquêtes et de juricomptabilité
514-228-7863
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